La vie du GarAtelier – #1

Cette fois je vous propose quelque chose de différent. Pas de fabrication, pas de vidéo, pas de bidouillage. Les temps étant plutôt calme dans l’atelier en ce moment, je me suis dit que ça pourrait être sympa de faire quelque chose d’un peu différent.

Voici donc le premier article qui va parler de ce qui se passe autour et dans le GarAtelier. Rassurez-vous, je ne vais pas raconter ma vie, mais plutôt vous raconter un peu ce que je fais et que je ne post pas, ce qui m’a conduit à fabriquer des couteaux mais aussi des p’tites astuces, des outils particuliers, etc. Pas d’inquiétude, les vidéos, les articles sur la fabrication, l’avancement de la mise à jour de la fraiseuse vont reprendre.

On verra, en fonction de ce que vous en pensez, si je poursuit ce type d’article ou pas 🙂

Mais… pourquoi des couteaux ?

C’est la question principale qu’on me pose quand j’explique que mon passe temps est de fabriquer des couteaux. Il faut quand même que je vous situe un peu le contexte : dans ma vie de tous les jours (la semaine quoi), je travail en costume / cravate avec un air presque sérieux… Dans ce monde là, je suis un “Senior Manager”, responsable d’une équipe de sympathiques collaborateurs, travaillant sur des projets structurants pour de grands groupes Français (mais je ne vais pas détailler, je ne suis pas en train de faire mon CV 😉 ).

Il peut arriver, à différent moment, qu’on me demande ce que je fais en dehors ou alors qu’on m’interroge sur le joli couteau que je sort lorsqu’arrive le moment du repas. Ce à quoi je répond que c’est un couteau “fabriqué mains”, les miennes en l’occurrence. La réaction est toujours un peu la même “Ha bon ? haaaaa tu l’a assemblé ! ”. C’est à partir de ce moment là que je me lance dans les explications de ce que je fais vraiment sur le couteau car, si j’arrive à leur faire comprendre que non, c’est pas un couteau en kit, ils pensent tout de suite à moi en train de taper du marteau ce qui n’est pas non plus la réalité (même si j’aimerais bien 🙂 ).

Quand la discussion sur l’acier, le bois, la trempe, etc. est terminée, c’est cette question qui arrive : “Mais pourquoi des couteaux ?”. Il est vrai que la question peut se poser mais j’ai peur que ce qui la motive ne soit pas forcément ce que je souhaiterais. Plus qu’une curiosité de ce qui peut pousser quelqu’un à se lancer dans la fabrication de cette chose que tout le monde a chez soit mais à qui on ne porte pas réellement l’attention qu’elle mérite, certains peuvent donner l’impression que cette passion ne rentre pas dans le cadre de ce que je représente à mon travail. Pour certains cela représente une totale contradiction.

Bon, et donc, c’est quoi la réponse ? Ha haaaa, la suite au prochain épisode !!!

Naaaaan… j’déconne, déjà je suis pas si méchant et puis c’est pas une série américaine, personne n’attendra le prochain épisode pour savoir.

La réponse est toujours la même :

  • Je travail dans un bureau, sur un écran. Cela manque de concret et, à un moment, j’ai ressentit le besoin de pouvoir toucher ce que je réalisais.
  • J’ai toujours aimé bricoler, me demander comment concevoir tel ou tel chose. Cela a commencé quand je faisais de la modélisation 3D sur ordinateur. Cela m’a permit de me poser des questions sur les méthodes de fabrication et des capacités de réalisation.
  • J’ai débuté en tombant sur une latte d’un canapé tout neuf que j’avais désossé (merci à l’un de mes chiens d’avoir avancé le travail…). Je l’ai découpé dans une forme assez moche d’une lame et me suis retrouvé complètement perdu pour passer aux étapes suivantes (et bon… ce n’était clairement pas la bonne première étape 🙂 ). Ce bout d’acier me sert maintenant pour remuer les braises du barbecue.
  • En me promenant sur internet je suis tombé sur le forum NeocZen, ce fut l’illumination. Des gens qui expliquent comment faire un couteau, de manière compréhensible et sympathique. C’est cette communauté, que je ne remercierais jamais assez, qui m’a propulsé “Coutelier Amateur”.
  • Par la suite ce fut l’engrenage : à la fin de mon premier couteau le bonheur fut immense. L’objet, son utilité quotidienne ainsi que les moments de la fabrication, tout me plaisait et cela m’a donné de la motivation pour le suivant.

Depuis, j’aime toujours autant être dans l’atelier, créer, imaginer, se tromper, réaliser. Il y a des moments où la motivation baisse, pas forcément pour des raisons liées directement aux couteaux d’ailleurs. Mais elle revient toujours et grandie à chaque grande étape que je franchis. Je m’étais un peu égaré lorsqu’à un moment je ne faisais plus que des réalisation sur commande. Il n’y avait plus de place pour la nouveauté et le soulagement a été grand quand j’ai annoncé l’arrêt de la prise de commande, une vraie libération.

Le Renil

Tu dois avoir beaucoup d’équipement !

C’est quelque chose de très fréquent aussi lors des discussions : l’équipement. Il est vrai que, vu de l’extérieur, il est difficile de se rendre compte de ce qui est nécessaire pour fabriquer un couteau. Effectivement, maintenant, je suis “un peu” équipé, mais j’essaie d’expliquer que, comme tous, au début, à part une lime, une perceuse de chez Leclerc et quelques papiers à poncer douteux, je n’avais que l’huile de coude 🙂 .

Le back’ c’est la vie

Et je confirme ! Mais, pour découvrir ce que peut être la joie de fabriquer son couteau, une bonne lime, un “jig” pour les plus bricolo, permet de faire des merveilles pour peu de frais et de maitriser son émouture. C’est long, ça tire sur le bras, mais ça fonctionne.

La trempe elle même peut se contenter d’une brique réfractaire et d’un “chalumax” à 10 balles chez Leroypinpin pour arriver à un niveau satisfaisant. Voir dans mes premiers articles le défis Neoczen lors duquel je coupe un clou avec le couteau qui a été trempé “à vue” avec cette méthode.

Avec le temps, et une fois qu’on est sur de vouloir continuer, l’équipement va arriver, petit à petit, en fonction des besoins, des priorités et… du budget ! Car même si 50€ suffisent pour se lancer, par la suite, l’outillage coute cher. Il y a bien des étapes avant de passer au gros matériel, comme pour le backstand : un combi à 50 balles chez Lidl permet déjà de faire des choses pas mal, mais tôt ou tard, on veut pouvoir se libérer de ce truc qui gêne, de ce problème de vitesse constante, de ce manque de puissance qui fait caler le moteur quand on appuie un peu fort, et là, on se prépare aux pommes de terre à l’eau (et un peu de sel pour le goût) pour se payer le back de ses rêves.

Je ne vais pas lister l’ensemble du gouffre financier qui se trouve dans mon atelier, ça me ferait certainement bien trop peur, mais encore une fois, tout cela n’est pas strictement nécessaire pour fabriquer un couteau avec lequel on mangera tous les jours pendant des années et des années !


Merci d’avoir lu jusqu’ici, j’espère que cela vous a plu.

A très bientôt !

Le Coutelier Du Dimanche c’est un mec dans son garage, qu’il prend pour un atelier, et qui y passe tout son temps libre à faire des couteaux.

7 Comments

  1. Anonyme
    7 février 2019
    Reply

    Super vous avez des modèles de couteaux à vendre ? Merci

  2. Claude Verday
    7 février 2019
    Reply

    Magnifique explication.

    Il est vrai que le sujet est infini : l’acier, le bois (et tout le reste) et le cuir…

    Tout cela pour arriver au moteur de tout artisan, avant le fait de gagner (péniblement) sa vie, le plaisir et la fierté de regarder et d’utiliser un objet né de ses mains.

  3. Fr@nk
    8 février 2019
    Reply

    Belle explication ! Ca fait plaisir a lire !

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